J’en ai marre de la précarité en collectif. 
Je reviens du Festival Oasis, et de manière assez inattendue, j’ai pris la parole dans… trois ateliers sur la question du travail.
À la sortie de ces ateliers, je ressens une certaine amertume.
Beaucoup de projets d’oasis ne réfléchissent pas à leur montage économique. Ils reposent sur de belles utopies de néo-ruraux, mais la réalité frappe vite : le bénévolat glorifié finit par user.
J’ai un exemple proche de moi : Nico a vécu presque 10 ans dans une oasis. Charpentier de métier, il a porté des chantiers participatifs, mené des rénovations, donné de son savoir-faire… Tout en vivant du RSA et des APL.
À son départ, il ressent une certaine amertume d’avoir contribuer à augmenter la valeur d’un bien au bénéfice de ceux qui ont mis de l’argent. Dix ans de travail, et rien de construit pour sa sécurité ni sa reconnaissance.
Et ce n’est pas un cas isolé.
Tant que les collectifs resteront dans une logique de rejet de l’argent, tant qu’ils ne verront pas que les aides sociales ne dureront pas éternellement, ils resteront fragiles.
Moi, aujourd’hui, je rêve de bâtir une communauté de 150 personnes. Et je vois à quel point la réflexion économique n’est pas une option mais un élément centrale.
D’après moi, si on veut proposer une alternative au capitalisme, ça ne passera pas par un rejet de l’argent mais une révision de notre rapport au travail. Il faut réinventer des économies viables. Sortir de la croissance en proposant des modèles en équilibre (voir l’ouvrage de Tim Jackson “Post-croissance”). Sortir du “il faut” pour aller vers “j’ai envie”. Être dans le flux… Il y a tant de choses à imaginer, à expérimenter !
C’est pour ça que j’ai développé le modèle du partage de revenus gradués :
– qui permet de valoriser des tâches qui ne le sont pas dans notre société (cuisine, vaisselle, soin des plus fragiles, etc)
– qui permet une approche communautaire du travail et une liberté de choix dans les tâches,
– tout en laissant la liberté d’aller travailler à l’extérieur et d’entreprendre.
Car pour moi, l’argent n’est pas l’ennemi. C’est une énergie, un flux, un outil pour rester en lien avec le monde. Une communauté peut — et doit — être poreuse avec son environnement : accueillir des personnes de l’extérieur, en voir partir temporairement, échanger, créer des passerelles.
Voilà ce que je porte.
Voilà pourquoi je dis : stop à la précarité en collectif.