L’écovillage d’Ithaca

Nous voici à l’écovillage d’Ithaca. Attirés ici par l’envie de rencontrer Frédéric Laloux et Hélène Guérin dont nous avons apprécié les livres (citons le fameux “reinventing organisation” qui expose les différents modes d’organisation de l’humanité à travers le temps), nous sommes très heureux de découvrir le plus grand écovillage laïc des US

Plus de 200 personnes (qui gèrent leurs revenus séparéments) vivent dans environ 100 habitations – des maisons mitoyennes pour la plupart – divisées en 3 quartiers. Les 3 maisons communes et leurs espaces généreux sont le cœur de chaque quartier.

Leur raison d’être : la soutenabilité, environnementale et sociale.

La grande taille. Les trois quartiers ont été construits au fil du temps : il y a 27, 21 et 8 ans

Certain·es regrettent les changements d’échelle successifs, et notamment la construction du 3ème quartier, qui a élevé le nombre de villageois·es au-delà d’une certaine taille critique qui permet de connaître les gens et suivre ce qu’il se passe (Cf le nombre de Dunbar : 150).

Ithaca
Quartier de Song (2eme quartier construit il y a 21 ans)

Ce qui nous a étonné :

  • les magnifiques espaces extérieurs : que c’est beau cette végétation luxuriante entre/ sur les bâtiments.
  • Le manque de vie et de rencontres dans les espaces communs intérieurs et extérieurs : il ne se passe pas tant de choses en journée, et plus rien après 21h. Les gens sont beaucoup chez eux ou en dehors de la communauté… On peut faire le lien avec le dynamisme de la ville d’Ithaca, toute proche, mais aussi avec le vieillissement des personnes vivant dans l’écovillage.
  • Cela dit, depuis quelques années, une dynamique lancée par nos hôtes Hélène et Frédéric a permis d’attirer pas mal de familles.
  • Les villageois semblent très militants sur certains aspects : bâtiments énergétiquement efficients, nourriture locale ; et plutôt “mainstream” sur d’autres, par exemple sur l’usage de la voiture ou le recours à Amazon pour les colis.
  • Le sport national aux US : des pelouses impeccables ! Bon, c’est culturel, et bien pire dans le voisinage. Mais quel temps passé à tondre toutes ces surfaces ! Quel non sens pour la biodiversité… Cela dit, c’est agréable de faire sont yoga dans l’herbe rase.
  • Leur organisation autour de la solidarité, institutionnalisée ou spontanée. Citons un système pour favoriser financièrement l’arrivée de familles avec enfants et de la création d’un fond de soutien inconditionnel et anonyme pour les familles en difficultés financières pendant le covid.
  • Le montage juridique sous forme de coopérative… mais où chacun·e est propriétaire de son logement, laissant la possibilité de spéculer. Plusieurs propriétaires louent leur maison (ou le sous-sol), ce qui permet d’améliorer la diversité des habitant·es.
Frog, 1er quartier, construit il y a 27 ans
Tree, 3ème quartier construit il y a 15 ans
  • Le processus d’intégration nous a semblé léger : le temps minimum à passer sur place en amont est seulement de 5 jours (pas forcément consécutifs).
  • 4 fermes bien différentes sont implantées dans le site : maraîchage fournissant une AMAP (système de paniers), petits fruits en cueillette libre, espace test et agro-foresterie.
  • Chaque quartier est autonome dans la gouvernance. Ainsi, il y a des modes de prise de décision différents (2 sont en consensus, 1 en sociocratie). Dans le quartier qui nous a accueilli, 2 personnes bloquent le groupe qui souhaiterait aller vers la sociocratie (et donc la prise de décision par consentement). Plusieurs témoignages font état d’une lourdeur dans le processus qui étouffent parfois les dynamiques. Cela dit des initiatives de sous groupes voient le jour sans avoir à passer par une validation collective.
  • Chaque quartier est autonome économiquement pour faire tourner ses espaces communs et gérer son entretien. Cependant tous les habitant.e.s de l’écovillage peuvent bénéficier des espaces, événements et services mutualisés de tous les quartiers.
  • Chaque habitant doit donner 2h de travail par semaine à l’écovillage. Comme ils sont très nombreux, cela permet un bel entretien des espaces : salles communes très propres, bibliothèque et zone de gratiferia (objets donnés) bien rangés, pelouse régulièrement tondue, etc…
  • L’écovillage est très mal desservie par les transports en commun (3 bus par jours) et ils n’ont pas de flotte de véhicule partagée. Beaucoup de foyers possèdent 2 voitures, dont certaines sont électriques ou hybrides.
Ithaca